Bouddhisme : l’étude de la bouddhologie

Premier article d'une série sur le bouddhisme.


Depuis la naissance du bouddhisme, quelques textes occidentaux se sont intéressés à l'Inde, et certains d'entre eux (Mégasthène ambassadeur de Séleucos Nikator, Alexandre Polyhistor, Saint Jérôme, Porphyre, Beladori, Al Biruni ou encore Marco Polo) ont eu connaissance de l'Inde et du bouddhisme, soit directement comme Alexandre Polyhistor et Marco Polo ou indirectement à travers des sources aujourd'hui disparues. Mais ce n'est qu'au XVIIIe siècle et au XIXe siècle que l'Occident va réellement s'intéresser à l'Inde et au bouddhisme.

Ce sont tout d'abord les missionnaires chrétiens partis en Inde qui vont peu à peu prendre connaissance des religions indiennes. Pour le bouddhisme, ils s'intéressent à cette croyance en Chine et au Japon, mais sans savoir qu'il s'agit de la même religion.

C'est Csoma Korös qui va permettre une avancée considérable dans l'étude du bouddhisme indien.

I. Csoma Korös ou comment en partant en quête de l'origine du peuple hongrois on arrive à la traduction du premier canon tibétain

Csoma est un hongrois, né en 1784. Après avoir suivi des cours sur l'histoire de la Hongrie, il met sur pied le projet de découvrir les origines en Inde de son peuple. Il part. Son voyage est épique. Il arrive en Croatie en 1819, puis à Bucarest, mais la peste l'empêche d'aller à Constantinople. Il passe par Alexandrie, Chypre, Beyrouth enfin, et Tripoli. A ce moment-là il intègre une caravane et rejoint Bagdad en 1820. Il reste à Téhéran 4 mois pour apprendre le persan. Il réussit à éviter les guerres d'Afghanistan. En 1822, il est à Kaboul et de là il parvient au Cachemire. Il rencontre un vétérinaire qui était chargé de trouver des chevaux pour l'armée anglaise en Inde. Grâce à lui, il obtient une lettre d'introduction à un monastère du Ladack. Il commence alors à étudier le tibétain. Il reste dans ce monastère pendant 15 mois et il a accès à plus de 300 volumes de littérature sacrée et profane, ainsi qu'à la traduction de textes indiens. Il compose un dictionnaire et une grammaire du tibétain. (Édité par la société asiatique du Bengale). Publié en 1834, il va révéler au monde scientifique que les textes tibétains n'étaient que des traductions de textes indiens. C'est une découverte majeure car on prend conscience que les canons bouddhiques ont été fait à partir de textes indiens. Peut être que les textes originaux indiens existent ?
La fin de Csoma est assez triste. A 58 ans, il se décide à partir de Lhassa. Il traverse de nuit un marécage, et, frappé de paludisme, meurt 5 jours plus tard.

II. Bryan Hodgson (1800 - 1894) ou comment un collectionneur d'oiseaux va permettre aux scientifiques d'accéder à des manuscrits en sanskrit

Hodgson est surtout connu pour ses travaux de naturaliste et pour sa collection d'oiseaux. Il est envoyé par la Compagnie des Indes à Katmandou pendant 23 ans, puis à Darjeeling pendant 16 ans. Il s'intéresse aux croyances du Népal et se met en relation avec des bouddhistes. Il leur achète des manuscrit ou des copies et il en fait don à la société asiatique de Londres. Il a la délicatesse de prévenir la société asiatique de Paris. Eugène Burnouf, alors secrétaire et bibliothécaire de cette société, les commande et débloque 1500 francs pour des copies avec comme prix de base 1 roupie pour 500 shlokas (=vers) sanskrits. En 1835, Hodgson envoie à la société asiatique le Kanjur tibétain (le canon tibétain) en 100 volumes et le dictionnaire et la grammaire de Csoma Korös et, en 1837, une centaine de manuscrit bouddhiste en sanskrit.
Grâce à Hodgson, les Européens vont pouvoir travailler sur le bouddhisme.

III. Burnouf

C'est lui qui va lancer la passion pour le bouddhisme.
Né en 1801, après des études de droit, il découvre le pali, une langue qui pose problème. Avec l'indianiste Lasène, il va la déchiffrer, et laisse alors tomber le droit. Il publie un essai sur le pali et prend conscience que cette langue n'est qu'un dérivé du sanskrit (son père était un professeur très réputé de sanskrit). En 1833, il devient professeur au Collège de France. A partir de 1840, il publie une traduction des Bhâgavata Purana. En 1844, il reçoit les manuscrits bouddhiques d'Hodgson, les compulse et détermine la liste du canon bouddhique. Il en traduit quelques extraits et se fixe sur un texte qu'il traduit. Il meurt en 1852.

Avec Burnouf naît la bouddhologie, car il a tenté de déterminer l'histoire du bouddhisme. Il a compris que cette religion est née en Inde et s'est ensuite répandue en Extrême Orient.

Il est à noter qu'à l'heure actuelle, de nombreux livres bouddhiques n'ont toujours pas de traduction, ou bien n'ont pas de bonnes traductions. Pour le Lalita Vistara par exemple, qui est un texte très important racontant la vie du Bouddha, la dernière traduction est celle de Foucaux (XIXe siècle). Actuellement, un chinois est en train de faire une traduction critique du Lalita Vistara. Il n'a traduit que les 15 premiers chapitres. Pour avoir une traduction française correcte, il va encore falloir attendre un moment.

 
 
~jamesB~
Publié le : 21/11/2006

 

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Le problème qui se pose pour la plupart des textes religieux et bouddhistes ( car le bouddhisme est un état d'esprit et non une religion ) est qu'ils ont étaient écrit et transmis au fil des générations en tibétain qui est une langue difficile a traduire en français par exemple, et d'autant plus lorsqu'il s'agit du bouddhisme au même titre que le coran, n'est pas aussi beau et aussi compréhensible traduit en français.
Dans ce cas là pourquoi ne pas avoir une langue universelle pour parler de religion qu'elle soit oriental ou occidental ?
Est ce qu'une façon de faire vielle de plusieurs centaine d'années peut empêcher le faite que la religion soit accessible de la façon a chaque être vivant sur terre ?


~Karmapositif~ le 22-04-2015 à 22:18
 
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