Méconnaissance de Sparte

Sparte... Cette grande cité de la Grèce antique, rivale éternelle d'Athènes, est méconnue.


Tout d'abord et effectivement Sparte, ou Lacédémone pour les plus puristes d'entre vous, est bien une cité militaire, de par son mode de vie et de son éducation. Sparte est la seule cité connue de nos jours à avoir commencé la formation militaire des enfants à 6 ans et à faire finir son service militaire vers les 70 ans.
Toutefois, il convient d'apporter des précisions sur le mode de vie des spartiates, image qui a été écornée par le cinéma.

Tout d'abord Sparte, bien que cité guerrière, a sa propre population homosexuelle comme dans d'autre cités grecques. Cependant plusieurs théories s’affrontent : certains théoriciens antiques affirment que l’homosexualité était admise, d’autre énoncent qu’elle était interdite, et d’autres encore énoncent qu’était seulement tolérée. Nous sommes bien loin de l’image du grand guerrier viril, représentant la masculinité et se moquant du goût pour les jeunes garçons des autres Grecs.


Deuxième point à éclaircir, c’est la place des femmes dans la société lacédémonienne. Bien sûr qu’elles sont plus libres que les femmes athéniennes, mais celles-ci n’avaient le droit de sortir de chez elles que pour les fêtes religieuses ; les femmes spartiates, elles, sont les gardiennes de la terre lacédémonienne car les hommes partaient à la guerre.
Le problème qui en résulte, c’est qu'au fur et à mesure des générations, il s’en est suivi une parcellisation des terres spartiates et les femmes devinrent des pions à marier pour avoir le plus grand nombre de parcelles.


Troisième point important, celui qui concerne l’éducation guerrière. Si la plupart des jeunes spartiates participaient à l’éducation militaire de base, c'est-à-dire l’agoge, qui est principalement un entraînement physique, il n’y avait que très peu d’enfants qui participaient à la Kryptie. La Kryptie est cette forme d'éducation spartiate célèbre, où on laissait un enfant âgé de 8 à 12 ans se débrouiller seul pendant un an, en l’encourageant à voler pour survivre, l’examen final étant le meurtre d’un hilote sans que l’enfant ne se fasse repérer.
En fait, il est apparu que c'étaient surtout les enfants des rois et des hauts dignitaires spartiates qui avaient le droit de participer à cette éducation un peu « spéciale ».

 
 
~fitz13~
Publié le : 17/07/2009

 

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Grosse précision :

Sparte, comme toutes les autres villes grecques, faisait la distinction entre citoyens - ceux jouissant des droits politiques - et non citoyens. Mais alors qu'Athènes par exemple considérait que l'on était citoyen si l'on était un homme né de père et de mère Athéniens, la situation est totalement différente à Sparte :
les citoyens spartiates sont les ἄστοι / astoi (« citadins ») qui sont aussi appelés Ὅμοιοι/Hómoioi (les Pairs). Pour être citoyen spartiate, il faut non seulement être né de deux parents citoyens spartiates mais également avoir subi l'éducation spartiate, participer aux repas collectifs (syssities) et surtout posséder un domaine (kléros) permettant de participer financièrement à ces repas.

Dans Sparte même ils sont une minorité.

Les non citoyens quant à eux sont :

Les Hilotes : les paysans dépendants de Sparte (leur statut peut en quelque sorte s'apparenter à celui des serfs). Ils ne combattent qu'exceptionnellement. Leur statut a été créé par Lycurge (et ils ont ainsi été mis à l'écart).

les Périèques (habitants du pourtour): ils sont libres, appartiennent à l'État lacédémonien et comme tels, ils servent dans l'armée civique. En revanche, ils ne jouissent d'aucun droit politique dans ce cadre : ils ne peuvent pas accéder aux magistratures ni même participer à l'Assemblée. Pour autant, ils sont libres et citoyens de leurs propres villes. Ils détiennent le monopole du commerce et partagent celui de l'artisanat avec les Hilotes.

Les Inférieurs : cette catégorie regroupe les citoyens déchus par pauvreté (ne pouvant plus payer leur part aux syssities) ou par lâcheté au combat (les tresantes), Hilotes affranchis (néodamodes), Skirites, etc.

Autre précision concernant les femmes : elles sont les seules de Grèce à recevoir une éducation sportive, musicale et de danse.


Pour le système politique de Sparte : le grand fondateur est Lycurgue, ce fils de roi Spartiate aurait été à Delphes voir la Pythie et en aurait ramené la constitution spartiate. Si les Homoioi participent à l'Assemblée, Sparte a également deux rois supposés égaux. L'un fait partie de la famille des Agiades, l'autre celle des Eurypontides Les familles ne peuvent se marier entre elles. Leurs pouvoirs sont militaires et religieux mais à partir du Ve siècle c'est l'Assemblée et non plus les rois qui peuvent décider de la guerre.

Le système politique est assez complexe entre les rois, l'Assemblée et la gérousie (qui surveille les rois et le respect de la Tradition).

La divinité la plus honorée à Sparte est Athéna. Mais un culte important est voué aux héros de la guerre de Troie et à Héraclès.

La force militaire de Sparte a été longtemps renommée. Champion de la Grèce contre les Perses, éternelle rivale d'Athènes jusqu'à la défaite d'Athènes au cours des guerres du Péloponnèse.
Seulement tout n'est pas rose...

Les Homoioi rassemblent tous les pouvoirs mais sont minoritaires, et leur nombre a même tendance à diminuer. Les Hilotes sont majoritaires. Par conséquent les Homoioi les craignent (qui eux deviennent plus nombreux par l'accroissement naturel et par les nouveaux venus (prises de guerre). En effet, selon la croyance grecque de l'époque, les caractères acquis sont hérités de même que les caractères héréditaires.
Lors de la kryptie, les Hilotes les plus forts constituent la cible première des kryptes : il s'agit de sélectionner les Hilotes les plus mous, donc jugés les plus dociles.
Les Hilotes peuvent être assez facilement affranchis en temps de guerre : il suffit pour cela d'être volontaire pour rendre service à l'armée (ravitaillement pendant un siège par exemple).
Enfin ces derniers, étrangement, ne se révoltent quasiment jamais. Le plus connu est le complot de Pausanias.

Pour aller plus loin :
Edmond Lévy, Sparte : histoire politique et sociale jusqu'à la conquête romaine, Seuil, coll. « Points », Paris, 2003.

~jamesB~

 

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