Liberté publique, idéologies et constitutions

Le concept de liberté est interprété de différentes façons. La liberté en philosophie est un concept personnel qui n'est pas l'objet de l'article.
La liberté publique est la façon dont un système politique conçoit la liberté et la met en oeuvre.



Cet article s'inscrit dans la tentative de création d'une utopie, la république de l'esra. Il est destiné à aider pour la partie création d'une constitution.
J’invite chacun à observer la distance qui sépare chaque idéologie de sa mise en œuvre, ainsi que de comparer son vécu à la théorie de son régime politique théorique.

La liberté publique selon la doctrine libérale


Elle puise ses sources dans la pensée chrétienne, le droit naturel et la philosophie des Lumières.

La pensée chrétienne


La pensée chrétienne vient adoucir la conception de liberté antique. On était citoyen à Rome en ayant une fortune suffisante et en n'ayant pas un métier manuel. Même dans ce cas on avait une liberté publique limitée. Le christianisme apporte une distinction à la personne humaine. Dieu a donné à la personne humaine la dignité, et cette valeur est inaliénable. Le christianisme offre à l'être humain une nouvelle sphère d'existence interdite au pouvoir politique : la vie privée. Il légitime la résistance au pouvoir démesuré d'un état, autorise l'insurrection et le tyrannicide.

Le droit naturel


Le droit naturel est l'absence d'organisation en société. Il s'agit de la liberté absolue. Mais il est difficile de bénéficier de cette liberté absolue dans la jungle naturelle. Le contrat social cher à Rousseau est le sacrifice de cette liberté au profit d'un pouvoir organisé offrant la sécurité. Mais l'homme sauvage a-t-il bien conscience de la perte de liberté sous-jacente dans le contrat social ?

La théorie du droit naturel se divise ici en deux :
  • Hobbes dit "L'homme est un loup pour l'homme". La vie naturelle est l'anarchie et la guerre et le contrat social et l'abandon de toutes ses libertés au profit du seul droit de vivre. Cet abandon se fait en faveur d'un seul homme ou d'une minorité.

  • John Locke trouve la société naturelle comme liberté et paix. L'homme ne renonce à cette liberté que dans l'espoir d'un gain au travers du contrat social. Une partie de ces libertés sont maintenues par l'intermédiaire des droits de l'homme.

La philosophie des Lumières


Deux auteurs importants, Rousseau et Montesquieu.
Selon Rousseau, l'homme naturel perd toutes ses libertés au profit d'une communauté. Proche de Hobbes donc mais d'une manière collective. La notion de volonté générale apparaît comme la volonté de la majorité. La volonté de la minorité doit s'effacer, la minorité elle même doit comprendre qu'elle est dans l'erreur puisque minoritaire et doit abandonner ses revendications au profit de la communauté.
Montesquieu est attaché à la liberté, il se méfie du pouvoir qu'il juge dangereux pour la liberté. "Tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser jusqu'à ce qu'il trouve des limites". Il prône une séparation des pouvoirs. Il est partial de par sa position de juge et souhaite élever le pouvoir judiciaire.

Le libéralisme en action



La déclaration d’indépendance des Etats-Unis, 4 juillet 1776 :


« Tous les hommes naissent égaux, que leur Créateur les a dotés de certains droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur ; que, pour garantir ces droits, les hommes instituent parmi eux des gouvernements dont le juste pouvoir émane du consentement des gouvernés ; que si un gouvernement, quelle qu’en soit la forme, vient à méconnaître ces fins, le peuple a le droit de le modifier ou de l’abolir ».

« Tous les hommes sont par nature libres et indépendants ».
Le pouvoir doit garantir la liberté de chacun mais c’est à l’individu de se motiver pour être indépendant. On est dans le chacun pour soit régulé.

La Révolution française



La constitution de 1789
« Les hommes naissent libres et égaux en droit ».
On est pleinement dans le droit naturel, mais la mention "en droit" indique que ces libertés et égalités sont juridiques et non socio-économiques.
La liberté est ici une négation du pouvoir absolu et des privilèges. Les deux concepts ne défendent pas le peuple mais la bourgeoisie :
Egalité devant l’impôt et abolition des privilèges ;
Liberté d’entreprendre pour les capitalistes bourgeois.

La constitution des Girondins
Danton à leur tête, les Girondins étendent la constitution principalement dans la liberté économique. La liberté du travailleur n’est que de conserver la propriété de sa personne.

La constitution des Montagnards
Avec Robespierre, cette constitution prévoit sa ratification par un référendum ce qui fait son succès. Elle prévoit un droit à l’insurrection.

Les droits et devoirs 1794
Ce qui reste de la révolution à ce moment se résume ici.
Des droits : liberté de la presse, de l’industrie et du commerce, inviolabilité des propriétés et du domicile, droit de pétition, liberté de conscience et d’exercice du culte. La plupart de ces droits ne furent pas respectés.
Des devoirs : « ne faites pas à autrui ce qui vous ne voudriez pas qu’il vous fît. Faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».
Le devoir est principalement vu comme une défense de la propriété et en particulier des riches : « c’est sur le maintien des propriétés que reposent la culture des terres, toutes les productions, tout moyen de travail et l’ordre social ».
Il ne reste de l’esprit de la révolution que l’aspect de libéralisme individualiste.

La liberté publique selon la doctrine collectiviste



Le marxisme


Pour Marx et Engels, la liberté n’est pas formelle mais pratique et concrète. Que nous importe d’avoir des droits si nous n’avons pas la mise en œuvre concrète ?
L’homme est substitué par le travailleur, la liberté s'acquiert par la lutte des classes.
Le droit ne forme pas un état mais reflète simplement l’esprit des personnes qui le constitue. Le droit n’est pas le droit de tous, il est le droit des maîtres. Les esclaves du système n’ont ni droit ni liberté effective, ils doivent la conquérir. La liberté des masses s’obtient au détriment de la minorité gouvernante.
L’état n’est que le moyen de coercition de la minorité des exploiteurs et des profiteurs.
L’appropriation collective des biens de société détruit les classes, les inégalités et offre la liberté pratique.
On ne peut pas compter sur l’état qui est un moyen de pression pour avoir la liberté. La liberté s’obtient par la discipline personnelle et l’adhésion à l’idéologie socialiste.
Lorsque le peuple en entier est en phase avec l’idéologie, la liberté est acquise, la sécurité découle de l’abondance économique et l’état disparaît car inutile.
Les droits de l’homme sont à considérer non pas dans l’abstrait mais dans le cadre socio-économique et en particulier dans le travailleur. L’individu gagne la liberté lorsque la société élimine par son efficacité « l’incertitude du lendemain ».

Le national-socialisme


L’idéologie nazie refoule l’individu à l’arrière-plan. Ce qui compte c’est le peuple dans son ensemble. Les intérêts de chacun doivent s’effacer devant l’intérêt collectif. Le collectif à tous les droits et l’individu aucun.
La liberté est concédée par le collectif à l’individu tant qu’elle ne s’oppose pas à l’intérêt général et est reprise si besoin est.
On appartient au groupe par le sang, l’individu doit son sang à son groupe et lui doit tout. Il doit se sacrifier au profit du groupe qui lui a donné existence.
La langue et la culture de l’individu le dominent et le dépassent. Elles l’ont constitué et lui survivront. L'individu doit servir sa culture et offrir sa personne pour la maintenir.
Le sol national est un point essentiel, l’espace vital doit être préservé et la conquête pour la grandeur de la nation est un fondement.
La propagande nazie dit : « tu n’es rien, ton peuple est tout ».
Le chef ou Führer est un guide disposant du pouvoir total et intégral et a pour mission la gloire et le bonheur du peuple. Le droit et la liberté n’appartiennent qu’au peuple. Le seul droit de l’individu est d’appartenir au peuple. La liberté de l’individu est une trahison au peuple.
La liberté est octroyée par l’Etat, est non opposable à l’Etat et doit servir l’Etat.

La liberté politique islamique


En Islam, il n’y a pas de clergé, la notion de laïcité n’existe pas. L’islam est donc un système politique autant que religieux. Le raccourci occidental qui le met en parallèle avec l’Eglise est donc une erreur.
L’individu musulman est un être relatif qui se rapporte à l’absolu divin. L’unité des individus face à Dieu est la base du système politique. Le pouvoir n’appartient qu’à Dieu et nul ne peut déposséder les individus et les dépouiller de leurs libertés.
L’individu ne peut utiliser la propriété pour atteindre la liberté des autres.
L’homme amené à dirigé la communauté n’a qu’un pouvoir relatif limité à ce qui est nécessaire à maintenir la cohésion et l’épanouissement de la collectivité.
Le gouvernement émane d’une collectivité acquise à l’idéologie musulmane. C’est donc la conscience personnelle acquise à l’idéologie qui forme la collectivité, puis la collectivité qui élit dans cette conscience un guide.
Le pouvoir politique ne peut avoir d’autre fondement que l’Islam car celui-ci n’est pas seulement religion mais également cadre d’organisation et légitimité.
Le chef musulman doit son autorité à une allégeance au peuple, la « beya ». Le peuple choisit son chef, les oulemas (élite juridique) valident le choix. Le dirigeant est responsable devant le peuple et devant Dieu.
L’existence du chef n’est légitime que par la nécessité d’organisation. La liberté individuelle doit être la plus grande possible. La persuasion, la raison et la bonne foi doivent être préférées à la contrainte.
La liberté individuelle prévoie le droit à la révolte. L’individu doit chaque jour vérifier que le pouvoir est légitime et respecte sa « beya ».
Le liberté est un droit de l’homme mais celui-ci doit se battre pour en bénéficier. L’esclavage est reconnu comme une réalité économique qui doit être combattue sans la contrainte. Le citoyen à le droit de conserver des esclaves mais à le devoir devant Dieu de les affranchir, en particulier si ceux-ci sont fidèles à l’idéologie musulmane.


 
 
~Sam~ Publié le : 01/10/2008

 

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