Déterminisme social

Peut-on considérer que l'égalité des chances est un leurre autant que l'est la liberté individuelle, du fait qu'il existe de nombreuses contraintes qui sont responsables d'un certain déterminisme social ?


Premièrement, le milieu social de la famille de naissance est un facteur important pour l'anticipation de l'avenir d'un enfant.
En effet, il apparaît que les enfants dont les parents appartiennent à la catégorie socioprofessionnelle des " cadres et professions intellectuelles supérieures " ont beaucoup plus de chances d'accéder par la suite à cette même catégorie que les enfants issus de milieux plus modestes. Cela peut s'expliquer par les facilités économiques mais aussi par la transmission de normes et d'habitudes qui favoriseront l'enfant par la suite.

Si l'inégalité statistique précédemment constatée est possible, c'est justement parce que le système scolaire traite en individus égaux des enfants qui ne le sont pas en réalité.

D'autre part, le déterminisme apparaît aussi dans un milieu que l'on pense totalement livré à notre libre décision : le mariage. Bien plus que l'amour aveugle, les statistiques nous montrent l'importance de l'homogamie (mariage entre personnes d'une meme catégorie socioprofessionelle).

En conclusion, il apparaît qu'à la naissance, d'un point de vue statistique et probabiliste, il est déjà possible de distinguer plusieurs destins individuels.

Par ailleurs, il s'avère que les comportements individuels ne sont pas entièrement la résultante du libre arbitre des individus ; en effet, selon une approche holiste, on constate que nombre de nos actions découlent d'un conditionnement. La société dans son ensemble exerce une pression sur chaque individu qui la perçoit inconsciemment. Le milieu social est coercitif.

Aussi nous pouvons être amené à conclure que nos personnalités et nos choix seraient bien différents si nous étions nous-mêmes dans une autre culture.

Nous avons donc vu que dès la naissance, le milieu social exerce une contrainte sur l'individu et pèse fortement sur son devenir. Peut-on considérer tout ce qu'il y a après la période proche de la naissance comme un épilogue ? Comme la conclusion d'une histoire déjà écrite ?

La sociologie, même sous son approche holiste n'a pas vocation a trouver une destinée figée et absolue à chacun ; cependant il faut admettre que notre vie est aussi soumise à des contraintes qui nous dépassent.

En fait, je pense, et ce n'est que mon avis personnel, qu'on peut considérer le déroulement de notre vie comme un lancer de dés pipés, qui donnent le plus souvent les mêmes résultats, sans exclure totalement la possibilité de voir sortir les numéros les plus improbables.

 
 
~Eaque~
Publié le : 02/10/2006

 

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Il est tout à fait juste de dire que la classe sociale à laquelle on appartient influence à plusieurs niveaux notre vie. De là à prédire ce que sera la vie d'une personne dans ses moindres détails, c'est un peu "messianique"...

Sinon, article très bien expliqué.



~Austin~ le 00-00-0000 à 00:00
 

Ton article révèle une certaine critique des contraintes que l'on subit (éducation, morale...) dans un milieu social, et qui ainsi crée notre destinée.
Et il est vrai que quelques personnes arrivent à sortir du lot en s'ouvrant sur le monde, mais puisqu'il n'y a que quelques personnes qui acquièrent cette ouverture, cela veut dire qu'une grande partie ne cherche pas à créer un projet à l'encontre de toute les morales, car il existera toujours des hommes qui perturberont l'utopie dont beaucoup de gens rêvent.

Je pense donc que oui, l'égalité des chances est un leurre car l'homme ne fait rien sans intérêt personnel, ce qui va à l'encontre de l'égalité.
Il est donc nécessaire que la société se divise en plusieurs classes, du moins jusqu'à ce que l'homme soit capable de vivre pour les autres.



~vlad~ le 20-03-2007 à 00:00
 

Article intéressant. Je suis tout à fait d'accord en plus . C'est d'ailleurs pour ces raisons de déterminisme social que le rêve américain n'est que de la poudre aux yeux.
Sans vouloir faire de la politique, il est souvent (et malheureusement) plus instinctif de responsabiliser exagérément les individus, comme le font les idéologies réactionnaires, plutôt que de comprendre et d'analyser les éléments socio-économiques qui façonnent les individus...



~Utopie~ le 11-04-2007 à 00:00
 

Très bon article, nous faisons actuellement cela en SES (1ere). Néanmoins, tu as fait une erreur, du moins je crois. Tu dis : homogamie (mariage entre personnes d'une même PCS (profession et catégorie socio-professionnelle). Homogamie n'est pas le terme exact : Endogamie est le bon terme.

A bon entendeur !
Très bon article et sujet intéressant !



~Edilyon~ le 14-02-2008 à 00:00
 

Homogamie, endogamie... En tout cas, il y a des exceptions qui confirment les règles, parfois ! Exemple, un président de la république qui épouse un mannequin-chanteuse !

Mais sinon, c'est un article instructif.



~charabia~ le 14-02-2008 à 00:00
 

Où se trouve l' exception là ? On a un des hommes les plus puissants qui se marie avec une des femmes les belles, c'est parfaitement logique. De plus, cette belle femme est loin d'être mal née (d'une riche famille d'industriels italiens).
Bien sûr qu'il y a des exceptions, et on ne rechigne pas à les mettre sur le devant de la scène. "Vous voyez, c'est possible !" A l'image de la star ac', c'est comme un tirage au sort. On en prend un et on le montre afin de maintenir l'espoir chez les autres....

Je ne sais plus qui a dit "On naît tous égaux, et quelques heures après on ne l'est plus !".
Et Laborit a dit : "Nous sommes les autres, c'est-à-dire que nous sommes devenus avec le temps ce que les autres - nos parents, les membres de notre famille, nos éducateurs - ont fait de nous, consciemment ou non. Nous sommes donc toujours influencés, le plus souvent à notre insu, par les divers systèmes dont nous faisons partie." Il faudrait toujours garder ça à l'esprit.

Je ne pense pas que le système scolaire traite en individus égaux des enfants qui ne le sont pas. Les professeurs sont aussi des hommes d'une certaine classe sociale (fonctionnaire dans l'éducation nationale... Il y a mieux ), et ont donc naturellement, comme tout humain, tendance à classer, cataloguer etc.
Ainsi, les comportements ne sont pas les mêmes face à un trublion d'un bon milieu social ou un "moins bien né". On aura plus tendance à aider l'un plus que l'autre... Phénomène encore plus amplifié dans les écoles privées, puisque le papa du gamin bien né donne une somme bien plus conséquente que l'élève boursier. On comprend aisément que l'élève boursier ait droit à moins de chances avant son renvoi.



~Malamati~ le 14-02-2008 à 00:00
 
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