Abracadabrantesque !

— Parfois, répliqua Sigognac, tous les enchantements sont vains et l'ennemi pénètre en la place malgré les phylactères, les tétragrammes et les abracadabras.
Théophile Gauthier, Le Capitaine Fracasse, 1863.




Le mot abracadabra apparaît au 3ème siècle de notre ère, dans un poème latin de Serenus Sammonicus, érudit romain : inscribis cartae quod dicitur abracadabra ("Inscris sur la carte celui qui dit abracadabra").

C’est, et a apparemment toujours été utilisé comme formule magique afin de guérir toutes sortes de maladies.
L’origine du mot, toutefois, a plusieurs interprétations :

il puise sans doute son étymologie dans le grec 'abraxas', nom des pierres servant de talisman contre les maladies, en usage chez les Basilidiens grecs et autres gnostiques, et qui portent, entre autres inscriptions, ce mot gravé en caractères grecs.
Abraxas désigne également un dieu intermédiaire dans le système gnostique de Basilide, homme qui enseignait à Alexandrie au IIème siècle.

Ce mot serait un cryptogramme d'origine hébraïque, écrit initialement sur 2 lignes :
ARBA / XAS, c’est-à-dire "Que Dieu protège".

Autre hypothèse, plus récente : abrakadabra est un mot magique d'origine hébraïque et qui, lu en boustrophédon (1), conformément à l'hébreu : arba- dak - arba, signifie littéralement "Que le quatre anéantisse le quatre" ;

Explication : Arba : "quatre" & Dak : impératif du verbe DDK, "casser, anéantir". Cela voudrait dire que Dieu (le chiffre quatre symbolise le Tout-Puissant) maîtrise (en les cassant) les quatre éléments.

Le mot a depuis été repris par les magiciens pour accompagner leurs sortilèges, et a pris la place de nombres d’incantations.


En espagnol, l’expression est "Abra cadabra, pata de cabra" (‘abracadabra, jambe de chèvre’), tandis que chez nos voisins allemands, on dit plus volontiers "Hokuspokus", et chez nos voisins britanniques, "hocus pocus".
La formule serait d’ailleurs l’origine du mot ‘Hoax’, qui signifie canular, tromperie en anglais.

Ce mot a également inspiré le célèbre sortilège impardonnable inventé par J.K.Rowling, l’Avada Kedavra, lancé par le sorcier Voldemort sur Harry Potter.



(1)Type d'écriture archaïque utilisé par les orientaux et les Grecs, imitant le mouvement des sillons tracés dans un champ, et dans lequel une ligne se lit de gauche à droite, la suivante de droite à gauche, et ainsi de suite alternativement.



Source : TLFI trésor de la langue française

 
 
~Melaquablue~
Publié le : 06/02/2012

 

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