Vampires

Des créatures sombres, buveuses de sang, effrayantes, qui vous font peur la nuit. D'où viennent-elles ? Qui sont-elles?


Petit traité sur les Vampires



Après la mort, un homme devient vampire s’il a été mordu par un autre vampire, qui l’aura alors vidé de son sang, et nourrit ensuite du sien afin de lui transférer une partie des pouvoirs vampiriques. L’homme alors mi-mort, mi-vivant, qu’on appellera mort-vivant (« undead » en anglais), entrera dans la légende…

Les qualités et faiblesses d’un vampire



Un vampire a une force extraordinaire, des sens surdéveloppés, parfois des pouvoirs surnaturels, telle la métamorphose (en chauve-souris) ou la super vitesse. Mieux encore : tant qu’il se nourrit de sang, il est immortel et peut guérir très rapidement de la plupart des blessures. Ces pouvoirs leurs sont conférés par « la bête » qu’ils ont en eux, et qu’ils doivent régulièrement nourrir de sang, de préférence humain (c'est ce qu'on appelle vampirisme). En contrepartie, ils sont affublés d’une malédiction : ils ne peuvent voir la lumière du Soleil, qui leur brûle la peau. Certains les prétendent sensibles à l’ail et aux crucifix (étant des créatures impies, supposées donc démoniaques par l’Eglise qui s’est emparée du mythe). Il semblerait néanmoins que ces derniers points soient sujets à variance dans les différentes œuvres de science-fiction : Dans Van Helsing, le film de Stephen Sommers, réalisé en 2004, portant le nom d’un chasseur de vampire mythique, Dracula n’est sensible ni aux crucifix, ni à l’ail. Alors qu’il semblerait que ce soit le cas dans Entretien avec un vampire, film culte du genre, réalisé en 1994 par Neil Jordan, et qui reste jusqu’à maintenant le plus grand chef-d’œuvre traitant du sujet.
Il existe trois moyens sûrs et incontestés de tuer un vampire : la lumière du jour, le feu et le pieu en bois. (On en trouve une utilisation massive dans la série Buffy contre les vampires.)

Le mythe aujourd’hui



Aujourd’hui, les vampires tendent à devenir plus familiers. De nombreux films parlent du sujet, comme ceux cités plus haut. Des livres de science-fiction tendent également de rapprocher le mythe de notre réalité, afin certainement de fournir des romans horrifiques, mais qui permettent à la fois de rassurer tout le monde, de par l’abolition de leur caractère mystérieux et inconnu.
Dernièrement, la tendance a même été poussé jusqu’à faire des vampires « gentils », avec par exemple les possibilités qu’offrent des jeux de rôles comme « Vampire : la mascarade » ou « Vampire : requiem », qui obligent le joueur à se mettre à la place de la créature, et ainsi de la comprendre, ou encore la nouvelle série « Twilight », de Stephenie Meyer, mêlant les vampires aux affaires de cœur humaines, ou encore la série « Moonlight », mêlant les vampires aux affaires de détective.
Il restera néanmoins toujours une dualité dans ce mythe : les « gentils » vampires trouveront toujours des « méchants » en face d’eux pour les affronter, dans tout type d’œuvre. Quand ce n’est pas d’autres vampires qu’il faudra affronter, cela pourra être les loups-garous, leurs ennemis jurés, qui ont cédé complètement à la bête en eux. Ils auront encore, en dernier recours, à affronter la bête en eux, confronter leur force mentale, leur aspect « sociétal » à leur aspect primitif, « sauvage »… L’histoire du vampire fut et reste une histoire de conflit.


Les origines du mythe



La naissance du mythe est difficile à discerner. Des œuvres fondatrices l’ont fait connaître au grand public d’aujourd’hui, comme « Dracula » et « Entretien avec un vampire », qui amènent devant nous deux grands vampires : Dracula et Lestat, mais il est évident que là n’est pas l’origine du mythe. Il est d’ailleurs à noter que Dracula est une reprise d’une légende autour d’un homme réel : Vlad III Basarab, dit Ţepeş (« l'Empaleur » en roumain) ou encore Drăculea (« Dragonneau » en roumain), réputé particulièrement sanguinaire.

Dès l’Antiquité déjà, l’idée de vampirisme existe : les morts non enterrés étaient supposés devenir des fantômes qui devaient se nourrir de sang.
Au Moyen-Age, les vampires sont réellement craints. De nombreuses personnes accusées de vampirisme sont brûlées et empalées, notamment en Angleterre. (Nous pourrons certainement voir ici la naissance de l’idée de vulnérabilité des vampires aux pieux et au feu).
“Le mot « vampire » apparaît pour la première fois en 1725, lorsqu'un rapport présente l'exhumation du récemment mort Peter Plogojowitz, un paysan serbe, qui reste encore à ce jour le cas le plus célèbre de vampire historique dans le monde.” (source : wikipédia). A cette époque, l’Eglise se sentait menacée par cette légende. En effet, les vampires n’allaient pas dans les trois alternatives proposées par le catholicisme à la mort (purgatoire, enfer, paradis), et remettaient donc en cause cet aspect de la religion.
“La comtesse Élisabeth Báthory (ou Erzsébet) a grandement inspiré les légendes de vampires. Cette aristocrate hongroise du XVIe / XVIIe siècle, aurait torturé et tué un nombre incertain de jeunes filles. Des légendes populaires prétendent qu'elle tuait dans le but de se baigner dans le sang de ses victimes afin de rester éternellement jeune (ce qui peut être à l’origine du mythe d’immortalité des vampires). Bien qu'elle ne présente aucun signe caractéristique des vampires (elle ne boit pas le sang), elle reste pour beaucoup l'incarnation du côté aristocratique du vampire, à l'inverse des autres témoignages qui, plus tard, porteront sur des paysans.” (source : wikipédia)

“Différentes pathologies longtemps inexpliquées ont pu contribuer à l'édification des légendes concernant les vampires et dessiner leur spécificités.

La rage a été comparée au vampirisme par les fortes similitudes dans les symptômes et les comportements de ceux qui en sont atteints : chez les animaux, comportement agressif notamment par la morsure, hyperesthésie (sensibilité excessive des sens, à la lumière, ou aux odeurs, par exemple), ... chez les hommes, teint pâle, hydrophobie ... En plus de ces symptômes qui suggèrent des similitudes avec les légendes sur le vampirisme, la rage se propage, entre autres, par la morsure d'animaux, notamment de chauves-souris vampires. Enfin, une épidémie de rage a sévi en Europe de l’Est au moment de l'apparition des premiers récits de vampires.

On peut également mentionner la tuberculose dont le mode de propagation ressemble beaucoup à certains récits de vampirisme, le lupus erythematosus, la catalepsie ou encore la porphyrie, déficit d'une des enzymes intervenant dans la dégradation de l'hémoglobine qui peut entraîner un rougissement de l'urine après exposition à la lumière ou se traduire par une hyperpilosité (hypertrichose).

Par ailleurs, une maladie a été surnommée maladie des vampires : la xeroderma pigmentosum. Les individus atteints ne peuvent s'exposer aux rayons solaires, sous peine de voir apparaître de graves lésions au niveau de la peau. La peau acquiert aussi une couleur très pâle du fait d'un bronzage totalement inexistant. De plus, les malades doivent éviter à tout prix la consommation d'ail qui libère une enzyme agressive. Si tous ces symptômes de la maladie correspondent au mythe des vampires, elle a été étudiée bien après les premiers récits de vampires, et alors que les personnes qui en étaient atteintes ne devaient donc pas avoir conscience des effets nuisibles de l'ail et du soleil sur leur santé.

Enfin, une pathologie rare appelée vampirisme clinique est un comportement qui consiste en l'ingestion de sang humain, le sien propre (auto-vampirisme) ou celui d'autrui. Ce comportement est généralement le symptôme d'une affection psychiatrique.”
(source : wikipédia)

Analyse du mythe



La naissance du mythe est une chose, mais un mythe ne perdure pas s’il ne parle pas au delà de la petite histoire qu’il raconte au premier abord.
Il est clair que les vampires sont aujourd’hui liés à la peur de la nuit, et la peur des chauves-souris, dont ils ont prit les traits. Ils sont également la métaphore des dangers de la nuit, celle-ci évoquant aussi les mystères autours de « la bête » que chacun cache en lui. Ainsi, c’est aussi une métaphore de l’aspect bestial de l’humanité : ce qui explique leur grand attrait pour les aspects charnels de l’existence (les vampires sont des séducteurs fins, et leur « baiser » (le fait de boire le sang au cou de la victime) est tel un orgasme pour les hommes qui le reçoivent).

C’est en tant que métaphore du sexuel que l’on comprend toute la portée de ce mythe, et l’explication au fait qu’il soit si mystérieux, si passionnant à la fois, si bestial mais si raffiné (la société vampirique est souvent représentée par des nobles de bonne tenue dans les différentes œuvres). Il n’est pas improbable que ce mythe ait été utilisé pour avertir les enfants des dangers du désir sexuel (correspondant à la soif de sang de « la bête » qui hante le vampire).
Nous l’avons dit, l’histoire du vampire est aussi une histoire de conflit. Nous avons bien identifié les conflits pouvant exister : celui entre la bête, les pulsions, et l’esprit, l’aspect sociétal dont les vampires ont besoin pour survivre. Ne retrouve-t-on pas ici un autre problème majeur de l’humanité : lutter contre sa tendance à céder aux pulsions, au profit du principe de réalité dont parle Freud, ce qui fait que l’homme peut vivre en société civilisée ?

Les vampires sont des créatures effrayantes et passionnantes, qui parlent à notre moi primitif, le « ça » de Freud, pour exprimer sous forme métaphorique nos envies et nos peurs. Ils portent également en eux l’image d’un conflit psychique entre les pulsions et les valeurs de vie en société, le « Surmoi » de Freud. Il serait intéressant de chercher l’origine de l’importance qu’a pris le mythe des vampires dans ce fait…

(Images de Victoria Francès)

 
 
~Kikouk~ Publié le : 08/07/2009

 

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