Le tableau de la Joconde : une oeuvre pleine de surprise

Mais pourquoi a-t-elle autant de succès ?


La joconde

1. Ce sourire fameux cache-t-il un message ?

Dès 1550, un auteur évoquait " un sourire attrayant qui donnait au spectateur le sentiment d'une chose divine plutôt qu'humaine ". Pourquoi Lisa sourit-elle ? Parce qu'elle vient de mettre au monde son deuxième fils. Ou alors, parce que Vinci veut faire un jeu de mots sur le nom de son mari, Giocondo, le " joyeux ". Ou, encore, parce que le peintre a fait venir des musiciens pour la distraire pendant qu'elle pose... On a dit tout cela. L'historien d'art Daniel Arasse évoque, lui, un sens plus profond. Les deux paysages chaotiques de chaque côté du visage ne se correspondent pas, ne collent pas, ne sont pas à la même hauteur. Ce sont les lèvres de Lisa qui font le lien. Un sourire fugace coincé entre deux panoramas de désolation. " Tu es poussière et tu redeviendras poussière ", dit la Bible. C'est le message de Vinci : le bonheur ne dure qu'un instant. Le sourire de la belle est une parenthèse. Elle vient du néant, elle y retourne. A droite, le pont et la rivière renforcent cette allégorie du temps qui passe.

2. Voyez-vous comme ce regard est scandaleux ?

Dans l'Italie du XVIe siècle, seules les femmes de mauvaise vie s'épilaient cils et sourcils. Si le mari de Lisa avait reçu ce tableau (que le peintre a choisi de conserver), il l'aurait sans doute refusé ! Représenter ainsi une honnête femme était inconcevable. De plus, Lisa n'en éprouve aucune honte et nous fixe fièrement. Elle se tient de trois quarts, le visage légèrement tourné vers notre gauche, alors que son regard est dirigé vers notre droite. Grâce à cette position, la Joconde nous suit des yeux même si nous nous déplaçons. Pour l'époque, c'est une vraie innovation, encore une prouesse de Léonard de Vinci.

3. Regardez ce voile noir posé sur la chevelure de Lisa.

Un signe de deuil ? Pas du tout. Ce voile, appelé guarnello, était destiné aux femmes enceintes ou qui venaient d'accoucher. Il encadre un visage peint selon une technique particulière. A l'époque, en Italie, les artistes se contentaient souvent de délimiter les personnages par un tracé de couleur net, dessiné au pinceau. Léonard, lui, perfectionne un procédé radicalement opposé. En appliquant des couches successives de peinture transparente, il plonge Lisa et le décor dans une espèce de brouillard, le sfumato (fondu, estompé), créant ainsi l'illusion de profondeur, de troisième dimension. Les contours de Lisa se noient dans le paysage et, dans le même temps, son portrait semble sortir du tableau comme jamais aucun visage peint auparavant.

4. Ces mains posées ainsi, c'est la révolution.

Les portraits en buste du XVe siècle montraient toujours des personnages s'appuyant sur une balustrade ou un parapet. Cette barrière empêchait le spectateur de se sentir proche de la personnalité représentée. Rien de plus normal, après tout. Il s'agissait de nobles, de puissants, et il était hors de question qu'on puisse les toucher. Léonard de Vinci fait tomber cette protection en nous montrant les mains de Lisa, paisiblement sur l'accoudoir d'un fauteuil (qui, notons-le, ne possède pas de dossier). Il n'y a plus d'obstacle entre elle et nous, qui pouvons presque lui caresser les doigts. C'est une véritable révolution dans l'art du portrait : nous sommes invités à entrer dans le tableau. La manche droite a aussi son importance. Ses plis, similaires au tracé de la route qui serpente derrière, nous conduisent vers le paysage de gauche, puis le regard, puis le sourire et le paysage de droite.

Ainsi, quel que soit l'endroit du tableau sur lequel nous posons nos yeux en premier, nous retombons inévitablement sur le message de Vinci relatif au temps qui passe, à notre mort inévitable. Peut-être la Joconde pense-t-elle au fameux vers d'Horace : " Carpe diem quam minimum credula postero ", " Cueille le jour et sois la moins curieuse possible de l'avenir ".

Source : Ca m'intéresse n° 325 Mars 2008

 
 
~sulli~
Publié le : 29/04/2008

 

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Merci pour cet article très intéressant !! Moi aussi j'entendais parler de la Joconde depuis longtemps mais sans réellement comprendre pourquoi (à part l'histoire du fameux regard...).
Qu'en est-il des rumeurs du genre : la Joconde serait en réalité l'autoportrait de Léonard de Vinci ? Sont-elles fondées ??

Je me demandais aussi : en quelle année ce portrait a été peint, en France ou en Italie ? Pourquoi avait-il tant d'importance pour De Vinci ?



~~ le 05-05-2008 à 00:00
 

En effet de telles rumeurs existent bel et bien, et elles sont fondées : effectivement, quand on superpose des autoportraits de De Vinci et la Mona Lisa, on obtient des ressemblances troublantes.
Pour ton renseignement, la Joconde a été peinte entre 1502 et 1506, à Florence en Italie.
Enfin, le peintre portait tant d'attention à son oeuvre peut-être parce qu'il s'agissait d'un autoportrait travesti, tout simplement... Sinon, je n'en ai aucune idée.



~mklvntwr84~ le 05-05-2008 à 00:00
 

Justement j'étudie sur la Renaissance et on parle de la guerre 1914 - 1918.


~Ssk~ le 04-12-2010 à 15:03
 
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